Le faubourg dit de la Débaroulle à Saint-Hilaire-Les-Palétuviers (67) a porté durant près de trente ans (entre 1953 et 1981) une réputation de quartier maudit. Les gens du cru en ont longuement parlé entre eux, souvent en plaisantant ou accoudés au bar-PMU Le Riant Balto.
En manière de malédiction, on aurait pu évoquer le manque de chance. En effet, les résidents subissaient de petits tracas réguliers et ennuyeux, mais rien de dramatique. À tel point que le faubourg prit pendant de longues années le surnom de Quartier des Poissards.
L’étrange vérité est qu’il était bel et bien maudit. Et ceci, grâce à la mauvaise humeur aigrie de Mme Michetrombe, retraitée des Postes, vivant seule dans son petit appartement, en compagnie de trois chats et deux perruches. La vieille dame passait son temps, lors de ses déplacements pour faire ses courses, acheter un ticket de Loto ou prendre son courrier, à murmurer des imprécations envers tout et tout le monde.
On peut citer par exemple : « Gmblm… Trainée, va… Que tes lacets ne tiennent jamais, ça te fera les pieds ! » ou encore « Ah, v’la le Guitou qui file au bistro. Toi, te faudrait des poches percées, t’aurais pas moyen de picoler comme ça… », et mille autres petites mesquineries du même genre.
Ces mauvaises vibrations, associés aux ondes magnétiques produites par un transformateur moyenne tension EDF, modifièrent subtilement les probabilités au niveau local, provoquant cette agaçante épidémie de poisse.
Le phénomène s’arrêta brusquement à la fin du mois d’avril 1981, lorsque Mme Michetrombe s’éteignit dans son lit, non sans avoir lancé une dernière imprécation envers un de ses chats qui s’était installé sur elle pour dormir.
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